Le podcast – 11 : Le cinéma indépendant

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D’après le Petit Larousse, l’indépendance est la “Qualité d’un groupe, d’un pouvoir, qui n’est pas soumis à un autre, qui est libre de toute sujétion”. Existe-t-il un « cinéma indépendant » réellement “libre de toute sujétion”, que ce soit financièrement ou économiquement ? Quand aujourd’hui, en 2014, nous utilisons l’expression “cinéma indépendant”, les premiers titres qui viennent à l’esprit sont plutôt des produits de studio comme Little Miss Sunshine, Juno, etc., ou des films produits loin des studios tels que La Passion Du Christ ou Halloween ? Comment expliquer qu’un terme désignant une situation économique et industrielle est au fil du temps devenu un label culturel ?

Pour tenter de répondre à ces épineuses questions, nous avons Paul Laccarriere, réalisateur de clip et court métrage, Matthieu Galley de Capture Mag, Thomas Gombow chroniqueur sur En attendant Godard et maître de conférence à l’Université de Rennes 2 et Julien Pavageau aka Monsieur Bobine à la technique.

1 – L’indépendance financière

Avant de se poser la question de l’indépendance financière au cinéma, il convient d’abord de savoir qui possède le porte-monnaie. Paul nous a préparé un historique des majors et minors aux USA. Nous nous sommes limités aux modèles américain et français car ce sont ceux qui nous touchent de plus près et c’est aussi les seuls que nous connaissons à peu près…

Dans les années 60, les gros films de studio marchent de moins en moins alors que les petits films fauchés commencent à rassembler un public de plus en plus important. Le film qui marquera le plus cette tendance est Easy Rider, une production indépendante qui donna naissance à ce qu’on appelle, le nouvel Hollywood.

Dans l’ensemble, ce qu’on remarque, c’est qu’à quelques exceptions près, l’indépendance financière reste un fantasme et quand elle est concrétisée, ce n’est pas vraiment aux endroits où on l’attend. Francis Ford Coppola, pourtant issu du giron des studios, rêve lui-aussi de cinéma indépendant et créé American Zootrope pour financer ses films indépendamment des gros studios. Georges Lucas gagne son indépendance avec sa trilogie Star Wars, qui lui a permis de créer Lucasfilm. Roger Corman contourne la censure et le code Hayes en produisant en indépendant des films gores avec des demoiselles dévêtues…

Depuis quelques années, les studios produisent des films avec l’odeur du cinéma indépendant. Little Miss Sunshine, Juno… Ces films sont pourtant bien moins indépendants financièrement que les Star Wars ou le Teenage Mutant Ninja Turtle produit par Michael Bay.

Logo Fox Searchlight, studio de cinéma indépendant

Fox Searchlight, le label soit-disant indépendant de la Fox

2 – L’indépendance artistique

Quand on pense « cinéma indépendant » c’est d’abord une esthétique qui nous vient en tête et pas une situation économique. Certes, le film indépendant est synonyme de petit budget, mais on retient surtout son opposition aux grosses machines hollywoodiennes. Souvent, cette résistance aux gros studios est un brin surjoué… Les studios utilisent de la musique symphonique ? Les films indépendants feront venir les groupes du moment, ou des instru minimalistes. Les travellings et autres machineries font riche ? On fera tout le film en caméra portée avec un grain dégueulasse. Les gros films privilégie le spectaculaire ? Les petites productions axeront tout sur le psychologique, quitte à avoir un film bavard avec des personnages qui passent leur temps à exprimer tout haut leurs états d’esprits. Si vous pensez qu’on force le trait, nous vous invitons à regarder un film comme Cyrus, qui malgré sa bande annonce qui vend une comédie légère, contient tous les clichés du cinéma indépendant américain :

Le fait d’être fauché est devenu une caution artistique. Le Nouvel Hollywood s’inspirait énormément du cinéma européen, mais désormais, le label « cinéma indépendant » est devenu l’équivalent du label « Nouvelle Vague ». L’indépendance artistique est-elle vraiment une affaire de budget ? Est-il par exemple possible d’être indépendant artistiquement au sein même des gros studios ? A priori, c’est possible. Un film comme Starship Troopers en est la preuve :

Certains réalisateurs mavericks comme Robert Aldrich ou Fuller qui, même s’ils évoluaient au sein des studios, étaient en marge du système et ont toujours réalisé leur films comme ils l’entendaient. Leur secret ? Ils faisaient des films qui rapportaient de l’argent. Finalement, à Hollywood, c’est le succès financier qui dicte sa loi.

3 – Le cas français

Contrairement au cinéma indépendant américain, le cinéma français peut être indépendant du public : le film n’a pas besoin de spectateurs pour vivre… Paradoxalement, le cinéma d’auteur qui se veut rebelle et indépendant n’est quasiment financé que grâce au système de subventions publiques qui fait vivre le cinéma français. Dès lors, on ne peut pas vraiment dire qu’il existe un cinéma indépendant en France…

Il existe pourtant quelques alternatives, c’est le cas de Goal Of The Dead dont le mode d’exploitation est assez atypique. En effet, le genre horrifique français n’arrive pas à percer dans le circuit traditionnel d’exploitation d’un film. Le dyptique de Benjamin Rocher et Thierry Poiraud à donc fait l’objet d’une tournée dans toute la France, le film fut projeté dans le cadre de festivals ou de projections spéciales.

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