Aquaman et le phénomène des « mashup movies », l’analyse de M. Bobine

En 2018, Aquaman de James Wan faisait souffler un petit vent de fraîcheur sur le DC Extended Universe qui allait de déceptions en déceptions avec ses films de super-héros. En de qui me concerne, j’ai plutôt bien aimé cet Aquaman qui, sous ses airs de gros nanar, assume l’imagerie « camp » des comics tout en proposant des scènes d’actions plutôt correctes, ce qui est déjà un petit exploit quand on jette un œil à ce que produit la concurrence…

En dépassant le milliard de dollars au box office mondial, Aquaman est le premier très gros carton du DCEU, dépassant même les précédents films de Zack Snyder dont les déceptions que furent Batman v Superman et Justice League (des films dont nous avions d’ailleurs parlé dans notre vidéo sur le Superman de Zack Snyder). Un tel succès, ça a forcément un impact sur l’industrie et la stratégie des studios hollywoodiens… Par exemple, Warner va progressivement décider de laisser de côté l’univers (très onéreux) développé par Zack Snyder pour privilégier des films comme le Joker de Todd Phillips, c’est à dire des films solos avec leurs univers et leur voix propre.

Mais on peut également se demander si le succès d’Aquaman n’aurait pas influencé le cinéma Hollywoodien à une plus vaste échelle, car en plus d’être une voix singulière dans le monde sclérosé des films de super-héros, le blockbuster de James Wan est un film référentiel qui pioche un peu tout et n’importe quoi dans une impressionnante liste de films très hétéroclites. Dans cette liste, on retrouve par exemple des films comme Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki, Tron l’héritage de Joseph Kosinski, Avatar et Abyss de James Cameron, Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne de Steven Spielberg, Godzilla de Gareth Edwards, La Petite Sirène de John Musker et Ron Clements, Le Monde de Nemo de Lee Unkrich et Andrew Stanton, et même le Cinquième élément de Luc Besson…En cela, Aquaman ne ressemble pas tant à un film référentiel qu’à un gigantesque mashup, c’est à dire à un collage d’éléments repris dans d’autres œuvres. Et quand on jette un œil à la production de blockbusters de ces dernières années, on se rend vite compte que d’autres « films mashup » on rapidement vu le jour à Hollywood, comme le Army of the dead que Zack Snyder a réalisé pour Netflix, ou Red Notice de Rawson Marshall Thurber qui sera diffusé sur la même plateforme de streaming. On peut citer aussi le sympathique mais bordélique Godzilla Vs Kong d’Adam Wingard, ou les nettement moins sympathiques Jungle Cruise de Jaume Collet-Serra et Free Guy de Shawn Levy. Et puis, il y a aussi les nullissimes  Space Jam : Nouvelle Ère de Malcolm D. Lee et Tic et Tac, les Rangers du risque : le film d’Akiva Schaffer, des films tellements mal fichus qu’on en vient même à se demander s’ils ont été conçu par des algorithmes et pour des algorithmes et non pour des spectateurs humains. Car malgré lui, Aquaman semble être le précurseur d’une nouvelle façon de faire du cinéma à Hollywood.

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